Boutique

PESTO DE PISTACHES ET AMANDES
À avoir des pistaches et des amandes de chez nous. Pour sûr un jour on ferait notre pesto. Parce que ce goût torréfié, à peine salé, est un condiment de pasta classique en Sicile. Agrémenté de menthe fraîche taillée finement et de zestes de citron, c’est électrique avec la mozzarella du Bufala. Ah oui dans la pasta al tonno fresco aussi ! Cette pasta al tonno mangée en pleine saison de la pêche au thon à Palerme, je m’en souviens encore. C’était au mois de juin et cette trattoria à la lumière blanche un soir de transit vers Filicudi m’avait donné tout ce dont je rêvais. Le produit de saison. Les recettes. Le savoir-faire. D’une fameuse boulette d’aubergine à cette pasta. Un ragù di tonno fresco, câpres, amandes et menthe. Le pesto de pistaches et amandes dans ce ragù, je le vois déjà.

GIARDINIERA IN AGRODOLCE
J’aime particulièrement la Giardiniera. Cet art italien de conserver les légumes en aigre-doux. De gros morceaux taillés comme il faut pour avoir le plaisir de croquer du légume de printemps en plein hiver. La Maison Pavesi à Piacenza maîtrise sacrément bien l’expression du légume en bocal. Chou-fleur, oignon borettane, céleri branche, carotte et poivron rouge dans le vinaigre extraordinaire vieilli en amphore d’Andréa Bezzecchi.

PIMENTON DE LA VERA doux
J’ai du Pimenton à l’épicerie pour une bonne raison, assaisonner le poulpe alla gallega. Mangé la première fois à la barra du Botafumeiro, le restaurant mythique de Barcelone. Certainement l’un de mes plats préférés au monde. Tout est ici question de cuisson juste. Cuire donc les pommes de terre à l’eau puis les tailler finement en tranches. Les poser toutes les unes à côté des autres. Faire un lit d’une seule couche. Rincer le poulpe cuit de la Maison Salanort ou cuire un poulpe cru dans les règles de l’art. Surmonter les pommes de terre de tranches de poulpe. Ajouter un beau filet d’huile d’olive, du pimenton fumé, et de la fleur de sel. Passer le tout au four à 200° pendant trois minutes seulement.

VINAIGRE BLANC affiné en amphore
Nous connaissons bien Andréa Bezzecchi pour ses moûts cuits de raisin et ses vinaigres balsamiques traditionnels. Quand nous sommes allés le visiter en Émilie Romagne, il nous a présenté aussi ses vinaigres. Celui-ci est issu d’un projet qui a commencé il y a de nombreuses années. Andréa connaissait bien Carlo Catani, directeur de l’Université des Sciences Gastronomiques Slow Food. Ce dernier avait créé un groupe de vignerons de Romagne autour de l’expérimentation des amphores et avait fait venir une amphore de plus de Géorgie pour Andréa Bezzecchi. Résultat : ce vinaigre est issu d’un procédé d’acétification spontanée en fût de 9 mois à 1 an en fût puis il est vieilli en amphore. Le résultat est un vinaigre assez ‘droit’ et minéral. C’est justement ce vinaigre que la Bottega Pavesi a choisi de mettre dans sa giardiniera.

MENTHE SAUVAGE SÉCHÉE
Dans les produits que Boutheina Ben Salem* nous a ramenés à l’Epicerie, il y avait cette menthe sauvage. Cueillie et séchée par les femmes de son village. Là-haut, tout au Nord de la Tunisie, dans cette région que l’on appelle le Cap Bon. La menthe séchée on n’y pense pas. Sauf quand on sent celle-ci. Intense et douce. Presque sucrée. Au premier nez je me suis dit qu’évidemment je la mettrai dans le yaourt fouetté avec les concombres, une bonne huile d’olive, de la fleur de sel et un tour de moulin à poivre. Un tzatziki mentholé. *Boutheina est venue cuisiner à l'Idéal lors du Festival du Kouskous à Marseille. C'est un grand souvenir. Le dîner nous l'avions appelé "Conversations tunisiennes" et on en fera d'autres, pour continuer de raconter le goût de la cuisine de sa mère.

SAUCE TONKATSU
Une envie d’escalope panée. C’est le printemps qui me fait ça. La lumière. J’aime les escalopes à la milanaise toutes simples avec une sauce à l’anchois. Ou alors un tonkatsu avec une salade bien croquante. Je plonge dans ‘Signature Dishes’ - un livre miraculeux qui raconte les grands plats de ce monde par ordre chronologique de création - et je tombe juste après la Tarte Tatin de 1898, sur le Tonkatsu de Motojiro Kida de 1899. À cette époque, en pleine ère Meiji, le Japon ouvre une fenêtre sur l’Ouest. Le tout nouveau restaurant tokyoïte Rengatai en est alors une pure expression, puisqu’il se spécialise dans la cuisine Occidentale. Et au rang des nouveautés, le chef Motojiro Kida sort de son chapeau une histoire de côtelette de veau à la française issue d’un livre de cuisine de 1872. Il adapte aussitôt la recette aux palais nippons –les escalopes jugées trop grasses et trop molles - et remplace alors la friture dans le beurre par une version panée panko dans l’huile végétale. Il abandonne l’idée du veau bien trop cher et opte pour le porc. Il sert le tout avec un couteau et une fourchette. Très rare. Escalope se dit Cutlet en anglais devenu katsu en japonaise. Et ce sera désormais le terme qui définira le pané-frit. La sauce française demi-glace (fond brun de veau réduit) est aussi remplacée par un assaisonnement doux-pimenté qui fait contrepoint. Aujourd’hui on ne présente plus le tonkatsu, n’est-ce pas ! Souvent servi avec du chou blanc ciselé pour la fraîcheur, on sait bien que tous les légumes de printemps crus lui iront sacrément bien. Avec la sauce Ume Tonkatsu composée de sauce soja, de vinaigre et de prune ume, j’en rêve !

CRUSCHI
Au Sud de la Basilicata, Giuseppe Arleo cultive les fameux Peperoni di Senise IGP. Des poivrons de forme allongée et d’un beau rouge, qu’il fait sécher sur des cordes dans des pièces ombragées et ventilées et qu’il fait frire quelques secondes pour les rendre cruschi ce qui veut dire croquants. La première fois que je les ai goûtés c’était dans une pasta aglio e olio (ail et huile d’olive). L’ail était en train de frire dans l’huile d’olive lorsque mon amie Anna a jeté quelques petits poivrons qu’elle a écrasés dans sa main au-dessus de la poêle. Je ne m’attendais à rien. Je m’en souviens encore. Ces peperoni fritti sont doux avec un délicieux goût de poivrons caramélisés que j’adore. La Pasta ? C’était des spaghetti.