LE GOÛT DE LA SEMAINE

BLEU BETHIA
Un autre bleu, celui-ci au lait cru de brebis, fabriqué dans le Pays Basque. Délicat et légèrement crémeux. Affiné 6 à 8 semaines. Il est d’une grande douceur.

BLEU MARSEILLAIS
Un bleu au lait cru de vache – des vaches varoises – fabriqué rue Sainte à Marseille, à la Laiterie Marseillaise. Ce fromage est très réussi. Un vrai goût de lait de vache et une texture légèrement crayeuse. Avec une salade rougette par exemple, des noix de Pécan, une vinaigrette au Balsamela (le balsamique de pomme de L’Acetaia San Giacomo).

COURGETTES TROMBETTE
Voici un très gros pot de courgettes trombette de Ligurie pour ne jamais en manquer. Ces courgettes appelées chez nous « trompettes » ou « violons » sont d’un vert tendre et très douces en bouche. Ici notre ami Marco les met en conserve avec du vinaigre, de l’eau, une touche de vin blanc. Quand on les goûte on se demande même ce que c’est et on en veut encore. À servir comme des pickles avec le Jambon Blanc magnifique du Trentino.

PANCETTA TESA
Autrement dit Pancetta Plate. Cette semaine j’en ai choisi une belle, au poivre. De la famille Savigni en Toscane. Parce que ma mère préparait une salade de foies de volaille à l’Idéal. Et que dans la recette il nous fallait de bons petits lardons. Aussi pour son risotto aux petits pois. La Pancetta est essentielle en cuisine. Et surtout à la cuisine de ma mère.

YAOURT FLOUVE
La flouve je l’ai découverte avec joie chez Tapisserie - la Pâtisserie de Septime – dans leur chou à la crème et je m’en souviens encore. Ce graminé apporte un petit goût de fève tonka, un petit goût vanillé mystérieux. Audrey de la Laiterie Marseillaise utilise une flouve du Jura pour son yaourt crémeux. Une merveille. J’ai mangé le pot sans m’en rendre compte. Le prochain je le servirai avec les premières fraises fraîches.

MIEL DE LAVANDE
C’est l’histoire de Reda, marin breton, venu faire du miel en Provence. Après s’être formé dans le Var, il a finalement installé ses ruchers dans le Pays d’Aix. Trets, Rousset et le Tholonnet. Au pied de la Sainte Victoire. C’est d’ici qu’il extrait le miel de garrigue qui exprime tant le romarin. L’été, il déplace les ruches dans les Alpes de Haute Provence pour produire le miel de lavande. Le miel de châtaignier très fin et délicat est produit en Ardèche en été aussi. Vive le Miel des Ouvrières !

MOSTARDA DI PESCA
Condiment d’accompagnement du pot au feu italien (bollito), la mostarda est souvent une énigme pour les Français. En réalité c’est un trésor ! Née dans les monastères du Friuli au XIIIe siècle, c’était d’abord une manière de conserver les fruits d’été. Moi, j’adore ça avec les fromages bleus par exemple. Je suis allée comprendre son élaboration chez des amis producteur en Emilie Romagne. Et évidemment, l’excellence vient d’un confisage juste. On a la texture du fruit confit, le sirop extraordinaire et surtout le goût du fruit. L’huile essentielle de moutarde est ajoutée à la fin. Et on retrouve ainsi le piquant caractéristique.

RAVIOLI ARTISANAUX
Cette semaine, j’en ai choisi trois sortes. Les Ravioli farcis à la daube. À la niçoise dit-on. Avec un peu d’épinards et de la daube. Une merveille qui tient bien à la cuisson et que l’on nappe simplement d’une bonne sauce tomate. Et puis j’ai pris Les Ravioli farcis à la ricotta fraîche et citron que l’on pourra servir avec la fameuse sauce citron (crème liquide et zestes de citron infusés) et enfin Les Ravioli cacio e pepe, Pecorino et poivre. La mythique recette romaine.

CESARINA
J’aime particulièrement la Giardiniera. Cet art italien de conserver les légumes au vinaigre. De gros morceaux taillés comme il faut pour avoir le plaisir de croquer du légume de printemps en plein hiver. La Maison Pavesi à Piacenza maîtrise sacrément bien l’expression du légume en bocal. Et avec les chutes, elle fait la Cesarina. Une idée du voisin du dessus, Cesare, qui récupérait les morceaux moins jolis pour s’en régaler. Taillés finement, ils deviennent un condiment. Trop bon avec le poisson fumé et les pommes de terre vapeur. Avec le pot au feu. Dans un sandwich.

RIZ CARNAROLI
Cette semaine donc, la Mamma a cuisiné le risotto comme elle sait si bien le faire. Je crois bien que ma mère est célèbre pour son risotto. Je sais que des clients venaient de loin pour s’en régaler. Elle en faisait à chaque carte. Un risotto de saison. Même Pilou le mari d’Anna, disait qu’il était exceptionnel. J’ai fini par demander pourquoi ! Ma mère n’avait jamais fait de risotto jusqu’à ce qu’elle parte préparer un dîner à New York pour une grande maison de champagne. C’est cette fois-là qu’elle découvre l’astuce de la cuisson du risotto dans les cuisines du Cirque. Mais bon sang qu’est-ce qu’ils faisaient avec leur sachet sous vide de riz tout aggloméré.Ils avaient précuit le riz, pardi ! Ni une, ni deux en rentrant à Lourmarin elle teste la technique en préparant toute la première partie de la recette en amont. En la tenant au frais. Et en sortant le nombre de cuillères par portion commandée. Il manquait à peine cinq bonnes minutes de cuisson pour terminer la recette. C’était le coup de génie pour servir le risotto à la carte. Mais pour sûr, une réaction chimique avait certainement opéré par le refroidissement de la phase 1 de la recette pour le rendre incomparable. Une texture d’un autre monde. Et c’est ainsi que la Reine Sammut s’est lancée dans le risotto à toutes les sauces ! Toujours avec un bouillon de volaille. Elle le faisait aux truffes fraîches, parmesan et beurre. Aux petits pois et lardons. Aux cèpes servi avec une tartine de moelle. A la cigale de mer. Aux herbes fraîches et citron vert avec le foie de lotte poêlé. Et aux légumes de printemps bien sûr ! Le Carnaroli, avec ses longs grains, offre une excellente résistance à la cuisson et donne un risotto bien détaché.

STRACCI TOSCANI
Je plonge dans le livre dédié à la Pasta de Rachel Rody et dans la mythique Pasta e ceci. Cette recette du Sud de l’Italie est la définition du réconfort. Des pâtes et des pois chiches, voilà tout ! Dans les Pouilles, les ciceri e tria en sont une version dans laquelle une partie de la pasta est bouillie et l’autre frite. En Basilicata, on rajoute aux deux ingrédients de la morue salée et des peperoni cruschi, de petits poivrons rouges frits et extrêmement croustillants. Mais au-delà des variations, le principe est toujours le suivant : on prépare le soffritto (mélange d'oignon, de céleri et de carotte finement coupés en dés frits dans l'huile), on ajoute les pois chiches cuits préalablement, on verse de l'eau ou le liquide de cuisson des pois chiches, on laisse mijoter et on ajoute la pasta à la fin. Dans ce cadre-là, on peut tout faire, on a tous les droits ! Les pâtes et les pois chiches peuvent être servis en bouillon ou non. On peut ajouter des tomates, des anchois, des pommes de terre et du céleri. On peut parfumer le tout à l'ail, au romarin ou à la sauge. Les pois chiches peuvent tout à fait venir d’un bocal. Ils peuvent être entiers ou réduits en crème. Et les pâtes peuvent être des lagane fraîches, des tagliatelles brisées, des maltagliati aux œufs si on veut ! On pourrait aussi les faire avec les Stracci de Fabbri justement !

PÂTE D’ANCHOIS PIQUANTE
L’autre jour, Antonio me disait qu’il avait fait la meilleure pasta avec ce tube. On délie la pâte dans un peu d’eau de cuisson et on jette les spaghetti (les siciliens de Minardo) on ajoute de la chapelure rôtie. Rien d’autre. C’est un grand plat. Avec trois fois rien.

BLACK ANGUS FUMÉ
En réalité c’est un produit qui se passe de commentaires. Quand tu l’as en bouche c’est une révélation. La texture, la volupté, la marbrure du gras et l’équilibre, le fumé au bois de hêtre très léger. Ce morceau de cuisse de Black Angus (dans lequel on taille souvent les meilleurs roastbeef) est affiné 60 jours seulement. Un travail de la famille Bernardini, spécialiste des viandes fines et gibiers depuis quatre générations en Toscane. Le Black Angus se suffit absolument à lui-même. Servi comme un carpaccio mais sans assaisonnement. Juste une salade verte !

POUTARGUE DE MULET
Poche d’œufs de poissons ôtée délicatement de ses entrailles, nettoyée, salée puis séchée au vent, à l’air libre. On trouve le plus souvent de la poutargue de thon ou de mulet. Dans ma famille, on ne mange que la poutargue de mulet et qui plus est, celle de Martigues. On l’a toujours attendue comme le messi et avec ça les histoires de mon père. Son enfance, sa Méditerranée à Carro, au cabanon avec son père et la Tunisie de mon grand-père par la même occasion. Celle-là même que me raconte mon amie Laurence depuis Carthage. Boutargue + Boukha (l’alcool de figue). L’accord parfait à l’apéritif. La poutargue de la Maison Matthieu n’est pas celle de Martigues (la pêche est si courte !) mais qu’est-ce qu’elle est bonne ! D’une belle texture pâte d’abricot. Racée et pas trop salée. Sur la ricotta de brebis fouettée. Sur les œufs mimosa. Dans la pasta fredda. Cette recette qui me rend dingue. Des spaghetti cuits puis refroidis mélangés à l’huile d’olive, le citron, la chapelure, les fanes de fenouil taillés finement et tant de poutargue râpée, un peu de chapelure rôtie pour finir le grand jeu !