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MENTHE SAUVAGE SÉCHÉE
Dans les produits que Boutheina Ben Salem* nous a ramenés à l’Epicerie, il y avait cette menthe sauvage. Cueillie et séchée par les femmes de son village. Là-haut, tout au Nord de la Tunisie, dans cette région que l’on appelle le Cap Bon. La menthe séchée on n’y pense pas. Sauf quand on sent celle-ci. Intense et douce. Presque sucrée. Au premier nez je me suis dit qu’évidemment je la mettrai dans le yaourt fouetté avec les concombres, une bonne huile d’olive, de la fleur de sel et un tour de moulin à poivre. Un tzatziki mentholé. *Boutheina est venue cuisiner à l'Idéal lors du Festival du Kouskous à Marseille. C'est un grand souvenir. Le dîner nous l'avions appelé "Conversations tunisiennes" et on en fera d'autres, pour continuer de raconter le goût de la cuisine de sa mère.

SAUCE TONKATSU
Une envie d’escalope panée. C’est le printemps qui me fait ça. La lumière. J’aime les escalopes à la milanaise toutes simples avec une sauce à l’anchois. Ou alors un tonkatsu avec une salade bien croquante. Je plonge dans ‘Signature Dishes’ - un livre miraculeux qui raconte les grands plats de ce monde par ordre chronologique de création - et je tombe juste après la Tarte Tatin de 1898, sur le Tonkatsu de Motojiro Kida de 1899. À cette époque, en pleine ère Meiji, le Japon ouvre une fenêtre sur l’Ouest. Le tout nouveau restaurant tokyoïte Rengatai en est alors une pure expression, puisqu’il se spécialise dans la cuisine Occidentale. Et au rang des nouveautés, le chef Motojiro Kida sort de son chapeau une histoire de côtelette de veau à la française issue d’un livre de cuisine de 1872. Il adapte aussitôt la recette aux palais nippons –les escalopes jugées trop grasses et trop molles - et remplace alors la friture dans le beurre par une version panée panko dans l’huile végétale. Il abandonne l’idée du veau bien trop cher et opte pour le porc. Il sert le tout avec un couteau et une fourchette. Très rare. Escalope se dit Cutlet en anglais devenu katsu en japonaise. Et ce sera désormais le terme qui définira le pané-frit. La sauce française demi-glace (fond brun de veau réduit) est aussi remplacée par un assaisonnement doux-pimenté qui fait contrepoint. Aujourd’hui on ne présente plus le tonkatsu, n’est-ce pas ! Souvent servi avec du chou blanc ciselé pour la fraîcheur, on sait bien que tous les légumes de printemps crus lui iront sacrément bien. Avec la sauce Ume Tonkatsu composée de sauce soja, de vinaigre et de prune ume, j’en rêve !

VINAIGRE DE BANYULS TALIOULINE
La référence française en matière de vinaigre, la voilà. Nathalie Lefort a fondé La Guinelle en 2002, sur les hauteurs de Banyuls. Dans cette petite maison à flanc de colline, baignée de soleil, une trentaine de fûts ‘travaillent’ à l'élaboration du vinaigre. lnstallés en plein air, mais à l’abri de la lumière, ils laissent faire le temps. Il faut entre un mois et demi et quatre mois pour faire naturellement du vinaigre, quand la fabrication industrielle ne met que quelques heures. L'essentiel du travail consiste à contrôler les étapes de la métamorphose. Le vin est d'abord placé dans des fûts de chêne sur lesquels a été pratiquée une ouverture, car c'est grâce au contact de l’air que les bactéries transforment l’alcool en acide acétique. Une pellicule appelée la ‘mère’ de vinaigre se forme alors à la surface du vin. Le vinaigre est achevé lorsqu'il atteint 6o° d'acide acétique et 1,5° d'alcool. On le met alors en bonbonne, fermée hermétiquement pour le stabiliser. C'est dans ces bonbonnes que Nathalie obtient des vinaigres parfumés comme le Taliouine (safran) ou le Vermeil (cannelle, clou de girofle). Son secret ? Des épices pilées, mélangées et enfermées dans des sacs suspendus au-dessus du vinaigre : une recette du XVle siècle qui permet d'imprégner sans macération le breuvage. A la dégustation, ces vinaigres déploient d'étonnants arômes de raisins mûrs et de fines notes d'agrumes et d'épices. On est bluffé par leur longueur en bouche.

CRUSCHI
Au Sud de la Basilicata, Giuseppe Arleo cultive les fameux Peperoni di Senise IGP. Des poivrons de forme allongée et d’un beau rouge, qu’il fait sécher sur des cordes dans des pièces ombragées et ventilées et qu’il fait frire quelques secondes pour les rendre cruschi ce qui veut dire croquants. La première fois que je les ai goûtés c’était dans une pasta aglio e olio (ail et huile d’olive). L’ail était en train de frire dans l’huile d’olive lorsque mon amie Anna a jeté quelques petits poivrons qu’elle a écrasés dans sa main au-dessus de la poêle. Je ne m’attendais à rien. Je m’en souviens encore. Ces peperoni fritti sont doux avec un délicieux goût de poivrons caramélisés que j’adore. La Pasta ? C’était des spaghetti.

LES 12 INGRÉDIENTS QUI CHANGENT TOUT EN CUISINE
De Anna JONES
125 recettes délicieuses, 365 jours de merveilleux repas

À LA TABLE DE LA BONNE MÈRE
De Mahéva ANGELMANN. Les recettes provençales d'une cuisinière marseillaise.

AMANDES FRITES SALÉES
Dans le Sud-Est de l’Espagne, à Alicante, la Maison Almondeli récolte ses amandes sur 200 hectares depuis trois générations. Voici la variété Valencia émondée, puis frite dans l’huile végétale et saupoudrer de sel. N’ayons pas peur des mots, c’est de la drogue. Meilleur apéritif. Je les sers aussi avec les asperges, les petits pois et une cuillère de ricotta de brebis.